Là-haut, ailleurs et ici-bas le firmament à proprement parler
dans les travaux de Jean Clareboudt (1981/2001)
Latelier
de Jean Clareboudt est partout un atelier à ciel ouvert : à
Paris où il a vue sur le métro aerien, près de Nantes,
au lieu-dit 'Pierre percée" dont le nom est une arcane, dans la
campagne proche et les pays qu'il visite (Mexique, Egypte, Antilles...) il
retrouve en tous lieux son "atelier naturel" observant ici le partage
des eaux, ailleurs les limiles incertaines d'une ville morte. là encore
les "reliefs''de la mémoire, et partout le jeu à l'aveuglette
du jour et de la nuit. Dans le musée en plein air (de gestes et d'ornières,
de travaux et de sentiers) que par abus de langage on nomme parfois la "nature",
Clareboubt renoue avec la vieille pratique de la cueillette: il ramasse des
signes et des objets déchus. et compose en les mettant bout a bout
des cordes de voyage frangées doubli. Et si les quais de Bordeaux
lui sont aussi propices que les rives du Nil ou les trottoirs parisiens, c'est
qu'il y a de lIndien métropolitain dans ce moderne nomade.
Quand lespace nest pas ainsi parsemé par les interventions
de lhomme, les repères qu'il a mis un peu partout comme un enfant
qui fait un nud à son mouchoir - il est simplement divisé
par notre perception toujours partielle, par nos sens infirmes et notre corps
lateralisé. Aussi Clareboudt (qui a travaillé avec Bob Wilson,
Susan Buirge, Min Tanaka) est-il fasciné par le corps du danseur et
de l'acteur, dans la pénombre d'une tradition lointaine ou sous l'éclairage
violent d'aujourd'hui. A travers sa lente métamorphose, et grâce
à ses fragiles points dappui, ce corps devient lui même
un trait d'union, dont on voit bien qu'à l'image des bâtons de
pluie et des bâtons d infini (ségments de métal trouant
un caillou, entourés d'un chiffon maculé comme s'il venait d'essuyer
un orage) il n'est plus l'emblème d'un pouvoir. mais le rejeton d'une
foudre amoureuse, le signe érotisé d'une ponctuation...(suite)
Gérard Macé